Les financiers ont une unité de mesure pour décrire quantitativement les phénomènes : l’argent.
La dynamique de ce fluide fictif est étudiée, anticipée, calculée. Cette sphère de l’argent n’est cependant qu’une projection abstraite et commode du monde physique.

Changeons de point de vue. Voici une autre unité de mesure universelle : la kilocalorie. Les mêmes flux économiques peuvent être quantifiés en kilocalories. Démontons pièces après pièces une automobile et additionnons l’énergie nécessaire à la fabrication de chaque pièce et l’énergie du montage. Nous pouvons ainsi calculer combien vaut une automobile, non pas en euros, mais en kilocalories.

Il existe des lois naturelles qui régissent les flux de kilocalories : les lois de la thermodynamique. En appliquant ces lois aux flux, sans rien connaître aux lois économiques, nous obtenons une nouvelle description de l’économie. Le lien avec l’économie de l’argent est très simple, c’est le prix de l’énergie, le prix de la kilocalorie.

La vision kilocalorique de l’économie facilite la compréhension de nombreux phénomènes économiques.
La croissance dans un système clos est impossible, car l’entropie d’un système fermé ne peut que s’accroître. Seul un flux d’énergie qui le traverse peut accroître l’ordre d’un système. C’est ainsi donc que le phénomène que nous appelons "la croissance économique" ou "le développement économique" ne peut se produire que si des quantités toujours plus croissantes d’énergie sont puisées dans les réserves (pétrole, uranium, etc...). Il ne vous aura pas échappé que les pays les plus développés sont les plus gros consommateurs d’énergie...

Un autre phénomène important : le chômage. Si l’énergie disponible dans les réserves est bon marché, alors le pétrole, le gaz, et l’uranium vont se substituer à l’énergie du travail des hommes. D’où une augmentation du chômage. En revanche, si l’énergie est chère, le travail des hommes est plus rentable, d’où une diminution du chômage. En occident cependant, la part de l’énergie fossile est devenue si importante que l’énergie du travail serait bien incapable de faire tourner toute seule la machine économique.